Le cœur de l’homme cherche à s’attacher à ce qui demeure et l’une de ses plus douloureuses expériences est de constater la fragilité des sentiments les plus profonds et des possessions les mieux assurées. Il sait bien que le foyer où il élève les siens avec tendresse sera un jour l’hôte de la souffrance et de la mort ; il sait encore que ses enfants quitteront la maison pour fonder à leur tour d’éphémères bonheurs ; il sait enfin que lui-même aura bientôt achevé sa course et qu’il devra abandonner tout ce qui était la joie de son cœur et le charme de ses jours.
Il mesure l’inanité de certains mots ; sa maison, son foyer, sa vie surtout, dont il croit être le maître absolu, lui seront repris ; il comprend qu’il n’est au fond que l’administrateur, mais jamais le vrai propriétaire des biens que Dieu lui confie. Quand l’homme loyal jette un regard derrière lui, il ne peut que redire avec l’apôtre : « je n’ai rien apporté dans ce monde, le n’emporterai rien avec moi» et il ajoute avec le psalmiste : « Qu’est-ce que ma vie ? La trace de l’oiseau dans le ciel, le sillage du navire qui fend les flots ».
L’homme se désespère de cette instabilité, il s’attriste du perpétuel changement des êtres et des choses, mais le chrétien, lui, accepte de ne point avoir ici-bas de cité permanente ; il espère, dans la patience, la cité à venir et dans cette attente, il s’inspire du Fils de Dieu qui, n’ayant pas un endroit où reposer sa tête, allait de lieu en lieu pour faire le bien et donnait aux hommes la certitude de la vie éternelle.
Notre Père, accorde-nous de rechercher les choses qui demeurent, de supporter notre condition instable et de désirer avant tout ton Royaume où tu nous combles en Jésus-Christ des biens éternels. Amen.
INCONNU